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Document mis en ligne le 10 mai 2012
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Dans les territoires, les banques sélectionnent très sévèrement les investisseurs potentiels. De nombreuses TPE, mais aussi PME-PMI, commerçants locaux, et des collectivités ne peuvent développer leurs projets, faute de moyens financiers, de prêts refusés par les agences locales des banques.

Pourtant l’argent est là. Un tableau de ratios1 a été établi depuis trois ans par Ap2E-Agir pour une économie équitable, à partir des données départementales et régionales de la banque de France. Il montre que dans 80% des départements, les dépôts des salariés et épargnants sont plus élevés que les crédits accordés localement. Une corrélation entre le PIB des départements et ces ratios montre que plus le PIB est faible, plus le ratio est bas : l’argent est utilisé ailleurs, dans les 20% des départements les plus riches. Autrement dit les pauvres épargnent pour les riches.

Comment relocaliser ces fonds pour financer des projets locaux et contribuer à l’investissement utile des territoires en retard de développement (logements, entreprises écologiques et innovantes, établissements publics locaux) ?

Les banques coopératives

Première piste, utiliser le statut des banques coopératives (Crédit Mutuel, Crédit Agricole, Banque Populaire, Caisse d’Epargne, Crédit Coopératif), dans lesquelles sont déposés 60% de l’argent des français : une personne = une voix. Cela ne se fera pas tout seul. Plusieurs études universitaires2 constatent et analysent l’absentéisme dans les assemblées générales de ces banques, et la passivité des sociétaires présents. Pour intervenir et exiger de participer aux décisions stratégiques, notamment celles concernant le choix des investissements, il faut étudier préalablement la situation, exiger de la banque locale la publication de données qu’elle réserve à ses échelons territoriaux supérieurs, organiser des actions collectives. Les conseils d’administrations sont cooptés, il n’y a pas de véritables élections avec pluralité de listes de candidats, professions de foi, déclarations d’intention… Ces élections concernent pourtant plusieurs dizaines de millions de français.

Il y aurait donc nécessité d’organiser des campagnes nationales, fournissant des outils d’intervention, questions, résolutions… C’est ce que fait Ap2E-Agir pour une économie équitable depuis 4 ans. Mais, bien que ces campagnes aient un certain retentissement au niveau des directions nationales des banques coopératives, c’est la puce face à l’éléphant… La séparation banque de détail et banque d’investissement fait partie des intentions annoncées par le nouveau président de la République. Cela peut contribuer à une nouvelle philosophie de l’utilisation des dépôts, concourant à une relocalisation des activités économiques et freinant l’utilisation purement financière de ces dépôts. Mais sans volonté politique national, éventuellement traduite dans la loi, et coordination d’associations pour accompagner les sociétaires, les aider à s’informer et s’organiser, l’éléphant de reculera pas d’un pouce.

Labels solidaires

L’économie sociale et solidaire a créé d’autres moyens de financer les activités économiques dans les territoires.

L’association Finansol, collectif des acteurs de la finance solidaire présente ainsi son label3 :

« Participant à la promotion d’une économie plus équitable, le label Finansol distingue, depuis 1997, les placements d’épargne solidaire : actionnariat solidaire, livrets ou fonds solidaires proposés par les banques, compagnies et mutuelles d’assurance et fonds solidaires d’épargne salariale.

Attribué par un comité d’experts composé de personnalités indépendantes, représentatives de la société civile, le label repose sur des critères de solidarité et de transparence. Il garantit, en effet, le financement d’activités à fort impact social et/ou environnemental qui ne pourraient être financées par les circuits plus classiques. Il atteste, par ailleurs, l’engagement de l’intermédiaire financier à donner une information fiable sur le placement labélisé et les activités financées.

Il existe à ce jour 128 placements d’épargne solidaire labellisés Finansol.  »

Selon Finansol, en quatre ans, les sommes investies dans des activités à forte utilité sociale et/ou environnementale ont été multipliées par 2,5, avec un taux de croissance régulier (35 % en moyenne) pour atteindre le montant de 681 millions d’euros en 2010.

Les acteurs de Finansol se sont alliés avec le Réseau Financement Alternatif (Belgique) et Febea (Fédération Européenne de Finances et Banques Ethiques et Alternatives) pour créer le label européen Fineurosol4.

Circuits courts financiers

De nombreux circuits courts financiers se créent et se développent, parmi lesquels les CIGALES organisés en associations régionales, agissent localement pour l’appui aux projets de création ou développement de projets économiques.

Garrigue, première société de capital-risque solidaire, a été créée en 1985. Grâce à ses sociétaires, Garrigue accompagne financièrement des entreprises en création ou en développement à forte plus-value sociale et environnementale (énergies et environnement, produits et magasins bio, commerce équitable, insertion et développement local).

Garrigue complète le dispositif d’apport en fonds propres aux entreprises mis en œuvre par les CIGALES.

Ces investisseurs solidaires dans les territoires s’appuient sur des financeurs solidaires : France Active et l’ADIE, la Nef5, France Initiative, Habitat & Humanisme, ou encore le FONDES association solidaire qui finance les entreprises solidaires par des fonds territoriaux en Région Pays de Loire.

Par-delà ces circuits courts très organisés et structurés, on voit fleurir de très nombreuses initiatives citoyennes locales. Certaines se fédèrent comme « Terre de liens » qui finance le maintien d’exploitations agricoles, « Enercoop », financement citoyen et de relocalisation des projets de production d’énergie renouvelable. On peut aussi évoquer l’initiative de Miramap (Mouvement interrégional des Amap) en partenariat avec la Nef. Ils lancent une campagne de collecte de dons afin d’alimenter un fonds spécifique destiné à développer de nouveaux outils de finance solidaire afin de répondre aux besoins spécifiques des paysans en AMAP. (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne).

Monnaies locales

Du Sol violette de Toulouse à l’Abeille de Villeneuve sur Lot, en passant par la Mesure de Romans et la Monnaie des lacs d’Essonne, les monnaies locales sont encore peu nombreuses en France. Il y en a plus de 5000 dans le monde. Elles sont de puissants outils de développement local et de recréation de liens sociaux et économiques. Initiatives citoyennes ou de collectivités locales comme à Toulouse ou Grigny-Viry, elles sont « fondantes et perdent de la valeur dans le temps si elles ne sont pas utilisées. De ce fait, elles tournent plus vite que l’Euro et sont facteur de développement économique local.

Conclusion

Toutes ces initiatives citoyennes représentent peu de chose en termes de volume financier, comparées aux quelques 1400 milliards que totalisent les grandes banques françaises, y compris la Caisse des dépôts et la Banque Postale. Créatrices de lien social et facteur d’éducation populaire, elles contribuent cependant à la prise de conscience des enjeux sociaux, écologiques et économiques tout en maintenant ou créant des emplois locaux et des investissements socialement utiles. Associées à une véritable « prise en main » par les citoyens du devenir de l’argent qu’ils placent dans les banques de l’économie sociale, elles peuvent contribuer à une autre façon de produire et d’échanger dans les territoires.

1Ap2e Lettre 2012 Mars Avril à télécharger sur http://www.ap2e.info/bancassurance/

2Réalités de la démocratie sociétariale : ce que révèlent les Assemblées générales locales des banques coopératives françaises Gilles Caire CEDES-LAB. RII (EA 3604) et Sophie Nivoix CEREGE (EA 1722) – Université de Poitiers

5La Société financière de la Nef est une coopérative de finances solidaires. Depuis sa création en 1988, elle exerce une double activité de collecte d’épargne et d’octroi de crédit dans le cadre d’un agrément de la Banque de France. http://www.lanef.com